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Culture

Les expos immanquables d'octobre

Il fait moche, cachons-nous au musée. Voici notre sélection automnale.
Yngve Holen, CAKE au Kunsthalle Basel, 2016.

Pour les hystériques (on s'inclut dedans) qui souffrent de ne pas avoir le don d'ubiquité, Creators Project tire le meilleur de l'art contemporain et dresse une liste des 5 expos d'octobre qu'il serait dommage de laisser filer comme une vieille chaussette.

1 - In Heaven everything is fine, Roman Moriceau

À première vue, le décor que Roman Moriceau plante est féerique. Un eden en plein marais. Son dernier solo show à la Galerie Derouillon est à vivre comme une expérience synesthésique et sensorielle. Un parfum, créé pour l'occasion émane d'une fontaine d'où jaillit une eau rose qui laisse entendre une rumeur gaie et des clapotis joyeux. Au mur, ses sérigraphies cuivrées dépeignent des serres tropicales où grouille un biotope enchanté. Dans les oreilles, le chant des oiseaux accompagne cette invitation au voyage baudelairien. Mais ne pas se tromper. Ici, tout n'est pas « luxe calme et volupté » et l'artiste, dont le travail repose depuis quelques années sur l'impact de l'homme sur la nature, a beaucoup à dire pour noircir le rose bonbon et la blanche colombe. L'ironie n'est jamais loin et une deuxième lecture émerge à la fin de ce parcours qui nous fait passer de l'enchantement à la réflexion.

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Du 8 octobre au 12 novembre à la galerie Derouillon

2 - Not afraid of love, Maurizio Cattelan 

Maurizio Cattelan, après une exposition très remarquée à l'occasion de son exposition avec Pierpaolo Ferrari, consacrée à la revue Toilet Paper à la Galerie des Galeries, revient cette fois en solo, à la Monnaie de Paris. Et non sans bruit. Il débarque en effet avec cavalerie et gros sabots. Ses chevaux (Senza titolo) s'encastrent en effet, aveugles et sans tête, dans les murs. La météorite qui s'abat sur le Pape l'écrasera encore une fois de sa lourdeur symbolique (La Nona Ora). Hitler agenouillé (Him) prendra quant à lui place au milieu de cette monographie d'envergure. De quoi se faire un avis sur cette figure qui agite le monde de l'art contemporain en dressant, en marbre de carrare (alors c'est permis), son LOVE, un immense doigt d'honneur qui s'élève fièrement vers les cieux. Ou l'art de dire merde dans les règles…

Du 21 oct au 8 janvier à la Monnaie de Paris

3 - Six soleils, Morgane Tschiember 

Six Soleils, Morgane Tschiember, MacVal, 2016

Derrière le paravent ajouré de l'artiste Morgane Tschiember, se déploie un monde ombragé et plus complexe que le rose (encore une fois décidément…) qui l'enrobe et le présente. Car derrière les moucharabiehs, on imagine des femmes qui ne voient pas le soleil de la journée. A leur place, dans cette nef du Mac Val, baignée de lumière, il faut alors marcher à pas de loups car on pourrait déranger un ordre préétabli. Les tapis de sol ne sont pas déployés car le confort n'existe pas. Et les matériaux bruts utilisés ici, comme le sable aggloméré, sont là pour montrer la dureté d'un temps qui passe et ne change que trop lentement le poids des traditions.

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Du 17 septembre 2016 au 5 mars 2017 au MacVal

4 - You de Mélanie Matranga dans le cadre de la Biennale de Rennes

Ils font l'amour, cela s'entend de loin. Il faut descendre au son des ébats les infinies marches pour découvrir, You, le dernier film de Mélanie Matranga qu'elle a choisi de diffuser au sein d'une installation démente au Frac Bretagne. Pourquoi démente ? Parce qu'il faut s'y allonger, se glisser sous une couette et regarder, excités que nous sommes, des gens se donner des baisers, parfois fougueux. L'art contemporain parfois lasse car il ne sait raconter de simples histoires, ici c'est le contre-pied parfait avec une narration évidente et une installation qui casse les codes du white cube rigide et discipliné. Se mettre au lit au nom de l'art, c'est un grand oui qui vient du corps.

Incorporated au Frac Bretagne du 1er octobre au 21 décembre

5 - Faisons de l'inconnu un allié

Yngve Holen, CAKE au Kunsthalle Basel, 2016

Il fallait bien l'ancien magasin légendaire Weber Matériaux dans le Marais, dédale bien connu des artistes et artisans, pour accueillir l'exposition inaugurale de Lafayette Anticipation. Avant d'ouvrir dans un an, rue du Plâtre à Paris, dans leur bâtiment réhabilité par Rem Koolhaas, c'est donc dans ce haut lieu du bricolage, qu'ils présentent la quinzaine de projets artistiques qu'ils accompagnent. Parmi lesquels, il faut prêter une attention particulière aux productions en résine de Mimosa Echard, petits ou grand format (deux sièges suspendus mais aussi des bouteilles essaimées ici ou là) qui laissent apparaître par transparence sachets de thé, bijoux capturés dans cette matière si désirable. Se laisser envoûter avant cela, par la flûte circulaire du Studio Brynjar & Veronika pensée pour être activée par plusieurs musiciens autour d'un seul visiteur élu (faites un sourire, ce sera vous). Au dernier étage, vous devriez rester bouche bée face à la prouesse technique de l'artiste Yngve Holen qui a réussi à scinder en quatre une voiture. Pas en une seule fois, et non, pas à la main évidemment, n'est pas Houdini qui veut.

Du 11 au 23 octobre au 16, rue Debelleyme

On se retrouve le mois prochain pour vous dire quoi voir en novembre.