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Belgique

Pourquoi la Belgique était paralysée par une grève nationale

Apogée d’une grève tournante par régions, qui faisait suite à une manifestation particulièrement violente il y’a plus d’un mois, la grève générale a paralysé le pays secoué par quelques incidents.
Thalys/ Bruxelles-Midi photo via Flickr

C'est le point culminant d'une contestation sociale qui dure depuis deux mois : ce lundi, la Belgique est complètement paralysée par une grève qui touche tous les secteurs publics, les transports, et la plupart des zones commerciales et industrielles. Des piquets de grève barrent l'accès aux zones d'activité.

All flights for 15 December have been cancelled. Please contact your airline for more information. — Brussels Airport (@BrusselsAirport)12 Décembre 2014

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Cette grève générale est menée par des syndicats majoritaires réunis en un « front commun ». Il est composé des trois grands syndicats, FGTB (chrétien), CSC (chrétien) et CGSLB (libéral) qui s'opposent aux mesures d'austérité annoncées par le gouvernement de droite dirigé par le francophone Charles Michel— gouvernement issu des législatives de mai dernier qui a pris ses fonctions le 11 octobre après des tractations compliquées dans un pays qui a connu une série de transitions politiques poussives.

Le plan d'austérité qui est dénoncé par les grévistes vise à économiser 11 milliards d'euros en 5 ans. Il comprend notamment un report de l'âge de la retraite de 65 à 67 ans, des coupes dans les budgets des services publics. Le point qui a crispé les débats, c'est un « saut de l'index » pour 2015. C'est-à-dire l'abandon d'une indexation automatique des salaires sur le coût de la vie qui devait les rehausser de 2%.

C'est surtout cette dernière mesure qui a mobilisé le 6 novembre dernier, lors d'une manifestation de 120 000 personnes dans Bruxelles, la capitale de la Belgique. Elle marquait le début d'une série de grèves tournantes — tous les lundis, par région — jusqu'à cette mobilisation nationale du 15 décembre. La manifestation du 6 novembre avait alors surpris par son ampleur et par de violents affrontements avec la police.

Le 7 novembre, VICE News avait parlé avec Marc Goblet, le Secrétaire général de la FGTB, qui avait affirmé que les incidents avaient eu lieu en marge des manifestations. Il avait également annoncé que la mobilisation se durcirait, faute de dialogue social.

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« À partir du moment où le gouvernement n'a jamais reçu les représentants des travailleurs, mais qu'il a reçu le représentant des employeurs, nous n'avions pas d'autres moyens de nous faire entendre que d'organiser cette manifestation, et d'organiser des grèves en tournant par provinces, » avait-il dit.

Jean-Pierre Stroobants, correspondant en Belgique pour le journal français Le Monde et ancien rédacteur en chef du quotidien belge Le Soir parle d'une « situation inhabituellement tendue » pour la Belgique, « si fière de sa culture du compromis politique ».

« Il n'y a jamais eu de grève aussi forte, » s'est félicité dans une déclaration rapportée par la chaine de télévision RTBF Marie-Hélène Ska, la secrétaire fédérale de la CSC.

— Magaly Swaelens (@MagalySWAELENS)15 Décembre 2014

Des incidents émaillent cette journée de mobilisation : des automobilistes ont forcé des barrages routiers posés par les grévistes. À Mons, deux grévistes ont été grièvement blessés à coups de barres de fer. Des grévistes ont brûlé des pneus devant la centrale nucléaire de Tihange.

Tihange: à la centrale nucleaire, des pneus brûlent devant l'entrée. On ne passe pas, sauf les cadres — Catherine Duchateau (@CathDuchateau)15 Décembre 2014

Dans la matinée, une centaine de manifestants du FGTB s'est rassemblée devant les quartiers généraux de l'Alliance néoflamande (NVA), l'un des partis de la coalition gouvernementale, chantant « N-VA, casse-toi, la Belgique n'est pas à toi. » Bart De Wever, le dirigeant du parti et maire d'Anvers a protesté contre ce qu'il qualifie de « grève politique », accusant le PS de servir du syndicat FGTB comme de « bras armé » — le syndicat étant proche du parti.

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Une centaine de militants FGTB font face à la police devant le siège de la N-VA (vidéo) - — Le Soir (@lesoir)15 Décembre 2014

Fr-talige CGSP belegerde — Piet De Zaeger (@PietDeZaeger)15 Décembre 2014

Charles Michel, le Premier ministre belge, succède au socialiste Elio di Rupo. C'est le plus jeune ministre que la Belgique a jamais connu (il a 38 ans), et c'est également le premier libéral de Wallonie (région francophone) à gouverner le pays depuis 1938. La coalition avec laquelle il gouverne rassemble son parti le MR, francophone, et trois partis flamands : les chrétiens-démocrates du CD & V, les libéraux de l'Open VLD et les nationalistes flamands de la N-VA. La présence de ces derniers au pouvoir peut surprendre, car le parti prône la disparition de l'État belge.

Le Vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur, Jan Jambon (N-VA), avait également fait polémique le 13 octobre dernier en déclarant que les Flamands qui avaient collaboré avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale « avaient sans doute leurs raisons ». Il réagissait à une prise de parole de sa part en 2001, lors d'une réunion en l'honneur d'anciens combattants flamands, partis se battre aux côtés de l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale.

Suivez Mélodie Bouchaud @meloboucho

Photo via Flickr