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Culture

Les expos immanquables de septembre

C'est la rentrée et les galeries comme les musées bouillonnent, du coup, on vous à fait une sélection de ce qu'il fallait voir absolument.
Image de Une : Louis Faurer, Accident, New York, 1952 © Louis Faurer Estate / Deborah Bell.

Il faut échapper à la frénésie ambiante de la rentrée de l'art contemporain. D'abord, tirer la corde de l'été avec deux expositions qui ont encore un pied dans les vacances. Puis revenir doucement à la surface en gardant l'idée qu'il faut voyager, dans le temps et dans l'espace. Comme les saisons reprennent et qu'on ne sait plus où donner de la tête, on vous a fait une sélection des immanquables de septembre

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1 - James Turrell à la Fondation Venet

Il aurait voulu être pilote. A tout juste 16 ans, James Turrell avait déjà une licence d'aviateur. A en voir les oculus, fameux skyspaces, travail initié dans les années 70 et devenu une de ses griffes les plus connues, l'artiste a su garder un œil sur les cieux. Percer à jour les plafonds et dévoilés de nouveaux ciels. Encore une fois, il parvient à faire tomber la lumière dans une béance qui brise la ligne des repères et l'ordre des choses. Le ciel et la terre font corps dans le regard du visiteur, happé par cet « environnement perceptuel ». S'il fait gris, l'œuvre sera grise. S'il fait beau, l'œuvre sera belle. En plus de cette installation aérienne, élégante qui rappelle évidemment le Panthéon romain, sorte de néo temple, inutile de rappeler la richesse exceptionnelle de la collection de la Fondation Venet qui abrite art conceptuel et minimal (de Donald Judd à Richard Serra en passant par Sol LeWitt, François Morellet, Robert Morris ou Carl Andre).

Les réservations se font sur le site Venet Foundation. Vous avez jusqu'au 31 octobre 2016

2 - Carte blanche à Gérard Traquandi à l'Abbaye de Montmajour

L'artiste Gérard Traquandi, dont on a souvent le plaisir de voir les œuvres à la galerie Laurent Godin qui le représente à Paris, faisait partie des invités de marque il y a trois ans, lors de l'exposition Mon île de Montmajour à l'abbaye de Montmajour, dont le commissariat revenait alors à Christian Lacroix. Remarqué comme c'est souvent le cas, sa présence dans ce lieu désacralisé, anciennement dédié aux moines bénédictins, a inspiré au directeur des Centre Monuments Nationaux une carte blanche qui lui revient aujourd'hui et qu'il choisit d'honorer en dressant un pont entre art médiéval et art contemporain. Un Christ du XVIIIecôtoie ainsi les sculptures contemporaines de Giovanni Anselmo, une Bible, les toiles colorées de Jean-Pierre Bertrand. Plus loin, Helmut Federle, Bernd Lohaus et Gérard Traquandi habitent l'église, le parloir, le cloître, la sacristie, le réfectoire, la salle capitulaire et la salle du trésor avec la grâce discrète qu'impose cet ancien lieu de recueillement.

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« La règle et l'intuition, carte blanche à Gérard Traquandi » à l'Abbaye de Montmajour, jusqu'au 18 septembre

3 - Valérie Mréjen à la galerie Anne Sarah Bénichou

On ne lit plus jamais une carte postale comme avant, une fois vue La Baule, ciel d'orage, vidéo inédite de Valérie Mréjen produite pour son exposition Roots à la Galerie Anne Sarah Benichou. Mélancolique comme un papier peint défraîchi orange et marron, une voix off monocorde lit une lettre pendant que défilent des images vieillottes d'une poignée de lieux de villégiature. « Je suis arrivé hier, pour l'instant le ciel est couvert, mais il paraît que le ciel va se lever… » Ainsi déchire le silence la voix de cette femme partie en vacances et déjà loin. On retrouve dans cette vidéo, la gorge serrée, le plaisir de lire une carte postale, qui n'est pas autre chose sinon la présence d'une personne dans le lointain pensant à nous, mais aussi la tristesse d'un monde oublié et quelque peu englouti par le numérique qui rend cette forme d'écrit obsolète et si chérissable. Plus loin, il faut s'attarder devant la vidéo La Peau de l'ours qui fait passer du rire aux larmes face à ces enfants qui nous disent de quoi ils ont peur. De la mort parfois. Et puis, devant la caméra de Valérie Mréjen si discrète et si juste, ils se confient sur les mots qui leur sont propres. « Psychopathe, je croyais que c'était le médecin des fous » nous dira cet enfant, un peu de morve au nez et les yeux rieurs. Redoutable de délicatesse de bout en bout.

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« Roots » à la galerie Anne Sarah Bénichou, jusqu'au 23 octobre

4 - Tinguely à la Galerie Vallois

Accompagnés par un bruit sourd et mécanique, deux petits souliers d'enfant tournent dans un vide habité. Ils font partie d'une pièce historique, Les Souliers, réalisée par Jean Tinguely en 1960. Fou de machines, du bruit qu'elles véhiculent, de leur fracassante inutilité et de leur parfait fonctionnement, il a commencé « tout gosse » dira-t-il, à les imaginer. Pour les faire danser dans la galerie, un interrupteur est là. Ce qui rend à cet égard, fou de rage le galeriste George-Philippe Vallois. Ne pas toucher donc, même si l'envie est irrésistible. Les yeux suffisent à s'émerveiller devant le ballet de ces 15 sculptures et reliefs animés, tous réalisés dans les années 60 et présentés dans les deux espaces de la galerie. Ces corps désossés, rouillés, usés par le temps, ces sculptures « meta-mécaniques » comme les décrivait le sculpteur, sont encore en vie et tendent à ressusciter un artiste trop peu exposé. Un artiste que l'on découvre beau comme un dieu dans un film en noir et blanc, alors qu'il est filmé dans un joyeux cortège et qu'il transporte sur un chariot ses « anti machines » (selon le mot de l'historien d'art Pontus Hultén), très vite rejoint par de jolies jeunes femmes fascinées par ce spectacle. On aimerait s'amuser avec eux, dans ce Paris-là et assister à l'éclosion internationale d'un artiste qui ignore encore qu'il sera associé à l'une des plus célèbres fontaines de Paris. Stravinsky, bien sûr.

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« Jean Tinguely, 60's » à la galerie Vallois, jusqu'au 29 octobre

5 - Louis Faurer à la fondation Henri Cartier Bresson

Un visage de femme implore un homme. Elle a une question posée sur ses lèvres, on ne saura jamais laquelle. Cette femme, sourde et muette est photographiée à New-York en 1950 par Louis Faurer. A ce moment-là, cela fait trois ans qu'il s'est installé à New-York et c'est là qu'il rencontrera l'immense Robert Frank. Avec lui, ils partageront un studio. Grand bien lui a pris de ne pas devenir autre chose que photographe. Il avait en effet été repéré par les Studio Disney pour son coup de crayon, à 13 ans. Doué, il l'était aussi pour les images de mode de papiers glacés. Elle, Vogue, Glamour, mais peu friand de ce genre de publications et les méprisant même un peu, il leur préfèrera la saveur et le mystère des anonymes. Comme ce petit enfant frêle qui semble greloter et avoir perdu père et mère. On ne saura pas non plus ce qu'il lui était arrivé. Chaque photographie de Faurer renferme une question, appelle l'interprétation, suscite l'immédiate empathie. On en ressort en petits morceaux mais c'est heureux.

Fondation Henri-Cartier Bresson, jusqu'au 19 décembre

On se retrouve début octobre pour la même chose. D'ici là, bonnes expos à vous !