Environnement

Des scientifiques apprennent aux épinards à envoyer des e-mails

Au MIT, on transforme les plantes en lanceuses d’alerte capables d’avertir les humains en cas de pollution des sols.
Alexis Ferenczi
Paris, FR
Epinard e-mail
Des plants d'épinards prêts à être récolté à SukagaKen Shimizu / AFP

Il y a deux moments dans la vie où l’on se sent vraiment adulte. Le premier c’est quand on quitte le giron familial et qu’on n’entend plus ses parents regretter les Trente Glorieuses. Le second, c’est quand on découvre que les épinards ne sont pas si dégueulasses que ça au goût – accessoirement que leur teneur en fer n’est pas super élevée et que Popeye ne tire donc sa force que d’un entretien physique intense composé de longues séances de fractionné.

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En plus de ne pas être mauvais, les épinards ont d’autres vertus insoupçonnées. Selon Euronews, une équipe de scientifiques du MIT emmenée par le professeur Michael Strano, spécialisé dans le génie chimique, a détourné le processus de photosynthèse (qui permet à des organismes de transformer l’énergie lumineuse en matière organique selon Wikipédia) de la plante pour lui apprendre à envoyer des e-mails.

À l’aide de nanotechnologie, Strano et ses collègues sont parvenus à rendre accessible les informations envoyées par les racines des épinards quand elles détectent dans le sol des matières polluantes, potentiellement dangereuses ou sortant juste de l’ordinaire. Ce signal est relevé par une caméra infrarouge qui se fait le relais du message en envoyant un e-mail aux scientifiques pour les alerter.

Particulièrement fier de ses épinards lanceurs d’alertes, Strano confiait à Euronews sa joie de démontrer à nouveau les possibilités presque infinies de communication entre plantes et humains : « Elles sont de très bonnes analystes. Elles ont un réseau étendu de racines qui sont constamment en train de scanner les nappes souterraines afin de transmettre la composition chimique du sol jusque dans leurs feuilles. »

Strano qui étudie leur comportement depuis plusieurs années enchaîne : « Les plantes sont particulièrement à l’écoute de leur environnement. Elles en connaissent les propriétés et savent par exemple quand il y aura une sécheresse bien avant nous. Si l’on parvient à lire les signaux et à établir le schéma de leurs réactions, il y a une mine d’infos à la clé. »

Si le but premier de l’expérience menée par les chercheurs du MIT était de transformer les épinards en détecteur d’explosifs, les « Big Data » fournis par les plantes pourraient aussi permettre d’avertir les populations en cas de pollution environnementale - tant que l’e-mail de l’épinard ne finit pas dans les spams.

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