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Culture

Les obscures performances d'Émilie Pitoiset

Des flingues braqués sur des chevaux, des chorégraphies avec des hommes-poupées et d'énigmatiques danseurs masqués.
Othello, Émilie Pitoiset, 2006. Courtesy de l'artiste

 et Klemm’s gallery, Berlin.

© videostill Emilie Pitoiset (à voir ici).

Un cheval marche sur une piste de terre sous le joug d’une femme au crâne rasé tenant dans une main une chambrière, et dans l’autre, un revolver. Accentuée par une bande son spasmodique et de plus en plus angoissante, la tension est tangible pour le spectateur, renvoyé à ses propres facultés de perception. L’animal obéit à sa dresseuse et se couche, indifférent à l’arme pointée sur lui ; elle ne représente pas une menace dans sa réalité, a contrario du fouet cinglant. Comme Othello, le général vénitien de Shakespeare, il ignore ce qui se trame contre lui. C’est ainsi qu’Émilie Pitoiset a choisi de nommer cette vidéo réalisée en 2006. La jeune femme de 26 ans sort alors tout juste des Beaux-Arts de Paris.

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Quatre ans plus tard, Émilie a gardé son goût pour les narrations fictionnelles et les projets hors format, à l’image d’

Othello

. Aux confluences de la performance, du théâtre, de la sculpture et de la photographie, son penchant pour les déséquilibres et les bouleversements psychiques n’a eu de cesse de nourrir ses travaux et sa dynamique artistique. En 2010, elle s’entiche du rarissime

The Eyes of Science

(1930) du réalisateur d’avant-garde américain

James Sibley Watson

et se met en tête de partir à Rochester à la recherche de la seule copie existante du film. De ce voyage aux États-Unis, elle ramènera une installation articulée autour de la décomposition du mouvement. Un projet réalisé grâce à l'

Audi talents awards

 qu'elle décrochait la même année dans la catégorie art contemporain. Un prix qui lui permi aussi de présenter un stand lors de la FIAC 2011.

Othello

a maintenant dix ans. Émilie a depuis multiplié les projets, louvoyant entre Berlin (

Klemm’s gallery

), Paris (Palais de Tokyo, Centre Georges Pompidou) et New York où elle participe à partir du 23 janvier prochain à une exposition collective à la

Kate Werble Gallery

. En mars peut-être, elle sera de retour à Paris pour un projet en duo avec l’artiste américain Jasper Spicero, qui devrait avoir lieu aux archives d’Yves Klein. Et entre les deux, qui sait… certainement une virée là où on ne l’attend pas.

The third part, Emilie Pitoiset, 2014 (à voir ici)

Découvrez les travaux d'Émilie Pitoiset sur son site.