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Ai Weiwei tient à vous faire savoir que la surveillance et la censure ne sont pas un problème qu'en Chine

Dans sa dernière expo, l'artiste dissident chinois continue de se payer le gouvernement chinois — et tous les autres.
Ai Weiwei, Dropping a Han Dynasty Urn (LEGO BRICKS), 2015. Photo courtesy of Haines Gallery.

Ai Weiwei ne cache pas ses opinions envers le gouvernement de son pays. L’artiste chinois est plutôt bien placé pour savoir ce qu’est la surveillance. Il a été arrêté en 2011 pour avoir critiqué ouvertement le régime communiste et a été largement censuré en Chine. Débarquant sur la côte ouest des États-Unis pour la première fois en six ans, neuf de ses travaux inspirés de Big Brother sont exposés à la Haines Gallery, à San Francisco, dont son fameux Dropping if a Han Dynasty Urn, remis au goût du jour avec des Lego.

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« La matérialité des Lego représente un jouet universel pour enfants », rapporte Joann Pak, de chez Haines, à The Creators Project. « Il a utilisé les Lego pour évoquer les pixels des images numériques et de surveillance, ce qui donne un intéressant contraste. »

Ai Weiwei, Bicycle Basket with Flowers in Porcelain, 2014.

« Overrated » est une exposition personnelle d’Ai Weiwei avec des œuvres de 2014 et 2015, qui traite toutes de l’abus de pouvoir. Bicycle Basket with Flowers in Porcelain, par exemple, est la réponse de l’artiste à la confiscation de son passeport par le gouvernement chinois en 2011. Tous les jours, pendant près de deux ans de restrictions de déplacements, le dissident a placé un bouquet de fleurs fraîchement coupées dans un panier de vélo devant son studio de Pékin, en forme de protestation.

Alors qu’Ai Weiwei est aujourd’hui à nouveau autorisé à voyager, « Overrated » s’attaque aux sujets d’espionnage et de censure gouvernementaux. Mêlant méthodes traditionnelles, comme la céramique chinoise, à des problématiques socio-politiques contemporaines, Ai Weiwei défie l’autorité, tout en soulignant les limites de la liberté d’expression dans sa contrée natale — un pays que Reporters Sans Frontières a classé 176e sur 180 en 2015.

Ai Weiwei, Surveillance Camera and Plinth, 2015.

« La surveillance et la police d’état est indubitablement au centre des œuvres d’Ai Weiwei et de sa pratique », dit Pak. « Il n’a pas peur de s’adresser publiquement au gouvernement chinois et et s’engage passionnément pour les droits de tous. » Son travail repose ainsi sur sa propre réalité, comme le montrent Surveillance Camera et Plinth, créés après que l’artiste ait découvert des caméras et des micros dans son studio.

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Ai WeiWei, Blossom, 2015.

« L’idée que la surveillance est un problème chinois, qui en réconfortent certains, est simplement irréaliste », conclut David Spalding, directeur exécutif chez Haines. « C’est une problématique mondiale qui nous concerne tous. Dans ses efforts pour attirer l’attention sur la surveillance d’état généralisée, Ai Weiwei a toujours eu une vision globale. »

« L’art et la littérature encouragent les gens à penser différemment et, plus effrayant encore, à penser pour eux-mêmes », estime Katy Glenn Bass, de l’association littéraire PEN America. « Cela effraie le pouvoir et la stabilité des gouvernements autoritaires. Ils savent combien les écrits peuvent être puissants — combien les œuvres d’art peuvent l’être — et ils veulent contrôler cela. » « Les écrivains de par le monde pensent que la surveillance de masse a entaché la crédibilité des États-Unis de manière significative, en tant que champion de la liberté d’expression, sur le long terme », ajoute Bass.

De la liste noire d’Hollywood aux dossiers du FBI sur John Lennon, aux quatre coins de la planète, les artistes sont historiquement les cibles de gouvernements en raison des sujets politiques dont ils traitent, de leur orientation idéologique ou même de la forme d’art pratiquée.

Ai Weiwei, Study of Perspective, 1995-2012, 2014.

Les questions de vie privée et de sécurité de nos sociétés modernes, et la transgression des artistes, n’ont peut-être jamais raisonné avec autant d’acuité que dans Study of Perspective d’Ai Weiwei, une série de photographies où le dissident chinois dresse un beau majeur devant tout un tas d’endroits incarnant le pouvoir.

« Overrated » est à voir à la Haines Gallery jusqu’au 2 juillet 2016. Pour plus d’infos, cliquez ici. Pour aller plus loin sur la surveillance de masse, retrouvez l'interview d'Edward Snowden par le cofondateur de VICE, Shane Smith, sur HBO.