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Culture

Mais pourquoi un artiste reconstruit-il la maison de Rosa Parks à Berlin ?

Ryan Mendoza a démonté la maison de la militante du Mouvement des droits civiques à Detroit et l’a transportée par container jusqu’en Allemagne.
Photos: Fabia Mendoza

Rosa Parks au beau eu être une figure proéminente du Mouvement des droits civiques aux États-Unis, dans les années 50-60, les avancées culturelles qu’elle a initiées de son vivant n’ont pas empêché la démolition de son ancienne résidence une fois qu’elle a disparu. Sa maison de Detroit, sur South Deacon Street, a été démolie le mois dernier, dans le cadre d’une politique urbaine de nettoyage de Detroit — ayant pour but d’effacer les bâtiments ne correspondant pas aux niveaux critères de la ville.

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Plutôt que de préserver un monument culture, démolir et déplacer semble avoir été une solution plus adéquate. Tout le monde ne l’entend pas de cette oreille : l’artiste allemand Ryan Mendoza est ainsi intervenu, transportant les vestiges de la résidence de Parks de Detroit à Berlin, où il prévoit de reconstruire son foyer disparu.

Il peut sembler étrange que ce soit Mendoza, un artiste blanc basé en Europe, qui vienne sauver la maison de Parks, mais l’artiste n’en est pas à son coup d’essai. Sa pratique implique souvent une intervention dans des lieux abandonnés, en partie à Detroit. Pour son projet White House, Mendoza avait ainsi transporté et reconstruit une maison de Detroit pour la foire Art Rotterdam, aux Pays-Bas. Cette année, il a également réalisé The Invitation, où il a peint en blanc deux habitations de Detroit sur lesquelles il a respectivement écrit « Clinton » et « Trump », lançant ainsi une invitation aux deux candidats aux présidentielles de passer une nuit dans l’Amérique abandonnée — invitation qu’ils ont tous deux déclinée.

Ce n’est donc finalement pas si étonnant que la nièce de Rosa Parks, Rhea McCauley, ait contacté Mendoza pour sauver la maison de la ruine. « N’ayant trouvé personne autour d’elle pour l’aider à financer la restauration de la maison, Rhea m’a approché après avoir vu le projet White House où j’ai sauvé plusieurs maisons de la démolition », rapporte Mendoza à The Creators Project. « J’ai œuvré discrètement pour emporter la maison de Rosa Parks dans un container, comme je suspectais la municipalité de Detroit allait préférer effacer un problème plutôt que s’y confronter. »

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L’artiste a pensé que la résidence de Parks serait mieux protégée en dehors de son pays, ce dernier refusant de la préserver, bien qu’il éprouve de la culpabilité à l’extraire de son territoire d’origine. « Detroit est pour moi le cœur ébranlé de l’Amérique. Je me sens coupable de le priver des murs qui ont abrité Rosa Parks, la porte qu’elle ouvrait et fermait, ou le sol sur lequel elle marchait… » Mendoza continue : « Mais j’espère qu’un jour, après qu’elle ait été entièrement rebâtie en Europe, elle retourne aux États-Unis, sa dignité retrouvée. »

La maison vient juste d’arriver à Berlin, où Mendoza va passer les prochains mois à la retaper. Pendant ce temps, il espère que les échos de son action vont résonner outre-Atlantique. « J’espère que le président Obama ou son successeur sera sensible à cette cause (je sais que Michelle Obama l’est) et aura un mot pour cette maison prise en otage — un monument de l’héritage de Rosa Parks qui a été volontairement soutiré pour que l’Amérique prenne conscience de sa perte. Si Potus [nom d’Obama sur Twitter, ndlr] reconnaît que je me suis enfui avec un monument national, tandis qu’il était aveuglé par ses conseillers, que va-t-il faite ? Comment va-t-il réagir ? »

Pour en savoir plus sur le travail de Ryan Mendoza, allez faire un tour ici.