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Culture

La résidence du bout du monde

Chaque année, la National Science Fondation envoie des artistes et écrivains américains trouver l’inspiration en Antarctique.
Erebus Ice Tongue Ice Cave. Photograph by and courtesy of Helen Glazer.

Imaginez un peu : vous subissez un syndrôme de la page blanche foudroyant, vous tournez désespérément en rond et décidez de sortir prendre l’air pour vous changer les idées. Dehors, face à vous, une toundra gelée s’étend à perte de vue. Ou alors, vous trouvez l’idée de génie qui vous manquait pour votre prochaine sculpture en observant les méandres d’un glacier. Bon, ben ne rêvez plus : avec le Antarctic Artists and Writers Program (AAW) de la National Science Foundation (NSF), vous pouvez vous exiler à l’autre bout du monde pour — enfin — trouvez l’inspiration.

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Ce programme invite des artistes et écrivains de tous bords à une résidence en Antarctique. Comme l’indique le site de NSF, AAW est est « spécialement conçu pour améliorer la compréhension et l’appréciation du public de l’Antarctique et des entreprises humaines sur le continent le plus au sud. » Un photographe comme Stuart Klipper, l’écrivaine Sara Wheeler et le réalisateur Werner Herzog font partie des heureux bénéficiaires passés de cette résidence. ATTENTION : la date limite de candidature pour la prochaine résidence est fixée au 1er juin.

La lune brille au-dessus de la station McMurdo en juin, où la nuit dure 24 heures. La station McMurdo est l'un des lieux où les artistes séjournent durant leur résidence. Photo : Andrew Smith © National Science Foundation

Valentine Kass, la chargée de programme pour AAW, a expliqué la résidence à The Creators Project. Selon elle, depuis ses débuts en Antarctique, NSF cherchent autant des scientifiques que des artistes : « les artistes et écrivains peuvent ainsi ramener leur interprétation du continent et de ce que la science fait là. Nous pensons que les artistes et les écrivains ont une façon bien à eux de toucher le public et l’Antarctique est évidemment un endroit que la plupart des gens ne visitent pas. L’éducation a toujours fait partie intégrante de la mission de NSF et les artistes et écrivains peuvent permettre d’interpréter et de susciter l’intérêt public et de faire prendre conscience de ce qu’il se passe sur la glace. »

Glacier du Lac Fryxell Side au Canada. Photo : Helen Glazer.

Kass ajoute : « Cette année, nous envoyons un compositeur travailler avec un chercheur qui capture les sons inaudibles des mouvements de glace dans le cadre de recherches sur le changement climatique. Le compositeur aime utiliser les données scientifiques et les transformer en musique. Nous envoyons aussi un femme qui fait des romans graphiques. » La NSF s’occupe de toute la logistique mais ne fournit pas de rétribution ou quelque autre salaire. Les résidents voyagent gratuitement depuis les États-Unis jusqu’en Antarctique, sont logés, nourris et bénéficient de tout soutien logistique mais doivent apporter leur propre matériel. Il n’y a pas de vols commerciaux pour l’Antarctique, on peut donc considérer que cette opportunité pour un citoyen — presque — lambda de fouler le sol de ce continent gelé est une expérience plutôt rare.

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Images de la future sculpture 3D d'Helen Glazer, “Bird Ventifact.” Générée à partir d'une série de photos via photogrammétrie, l'image est ensuite réalisée en objets sur un routeur CNC. © Helen Glazer

Helen Glazer, une sculptrice revenue cet hiver de sa résidence à AAW, parle de sa candidature à The Creators Project : « Je pense que ma première candidature était en 2005. Ma première pensée à l’époque était “L’Antarctique ? Que peut bien faire un artiste en Antarctique ? Est-ce que n’est pas que vide, plat et blanc ?” » Après quelques recherches, Glazer se rend compte que la géographie de l’Antarctique est bien plus variée et intéressant qu’on ne le croit. Et bien qu’elle n’ait été acceptée qu’au bout de six candidatures (et dix ans plus tard), Glazer pense que ça a finalement été pour le mieux : « J’ai juste continué à postuler, et pendant que je commencais à développer une façon de sculpter, j’ai réalisé que je pouvais capturer cela et faire une sculpture 3D à partir d’informations numériques. La technologie en est venue à un point où je peux faire bien plus maintenant que lorsque j’ai candidaté la première fois. » Glazer travaille en ce moment sur Above, Below and Within The Ice, une série de sculptures censées rendre compte de la relation entre la glace et le paysage de l’Antarctique. Elle a documenté son voyage et posté sur son blog d’incroyables photos de paysages gelés, sous l’eau ou de phoques momifiés.

Croquis inspiré par l'histoire de l'exploration de l'Antarctique et des technologies. “Long View Sketchbook page 008” de Michael Bartalos © Michael Bartalos

Michael Bartalos, un graphiste qui a participé à AAW en 2008, décrit son projet, The Long View, comme « une série en cours d’œuvres sur la science et l’environnement polaires ». Il décrit son expérience en Antarctique comme « perturbante de la façon la plus positive et excitante qu’il soit. Les paysages, le temps et l’isolement donne la sensation d’être sur une autre planète. » Il dit que son séjour a profondément influencé son travail : « J’ai développé un nouvel intérêt pour les espaces “vides”. Je n’ai jamais vécu dans des étendues de cette échelle, qui m’ont fait prendre conscience de l’espace, de la profondeur et de la perception. »

Pour en savoir plus sur l’Antarctic Artists and Writers Program, rendez-vous sur le site de la National Science Foundation. Le règlement complet de la résidence se trouve également ici.