Au cœur de la nuit avec Konwalsky
Toutes les photos sont publiées avec l'aimable autorisation de Clément Collange.

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Culture

Au cœur de la nuit avec Konwalsky

Fuyant les villes et leur pollution lumineuse, le photographe avignonnais explore le territoire dans le noir le plus complet.

Partir en terres inconnues dans l’obscurité nocturne, Clément Collange connaît. Officiant sous le patronyme Konwalsky, cet adepte de l’urbex affectionne les lieux abandonnés au moment où ils sont le plus chargés de mystère : la nuit. Délaissant petit à petit les architectures désertées, il s’est tourné vers une pratique du territoire plus abstraite. Dans sa série Le silence de mes nuits, ce dernier apparaît réduit à des éléments isolés dans le noir le plus complet.

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« Le territoire recèle quantités de lieux et non-lieux qui, lorsque la nuit est bien avancée, deviennent, de fait, inutilisés. Le silence s’y installe pour quelques heures. Il révèle une certaine poésie », dit Konwalsky à The Creators Project. « La nuit est en quelque sorte un reflet négatif de l'usage au quotidien que tout un chacun fait du territoire en journée. »

L’étudiant aux Beaux-Arts d’Aix en Provence dit avoir commencé sa série au détour d’une autre, Twelve Gasoline Station, inspirée de l’artiste américain Ed Rucha. Arpentant le sud de la France, souvent seul, il réalise peu à peu que beaucoup d’endroits en périphérie des villes sont bien moins sombres qu’il ne l’avait imaginé, baignés par la pollution lumineuse.

« L'idée étant de mettre en lumière à la façon d'un éclairage urbain que l'on retrouve partout ou presque. L’éclairage urbain est omniprésent, si bien que les nuits deviennent jours dans les villes », explique Konwalsky à The Creators Project. Il fait ses repérages le jour et il revient ensuite tard dans la nuit, « souvent entre minuit et quatre heures du matin ». Il lui faut parfois du temps pour trouver un lieu plongé dans l’obscurité la plus totale.

Au cœur de la nuit, il met en place son dispositif : Canon 7D, objectif 20mm f/2,8, pied, retardateur et perche. « Je fixe une lampe torche puissante au bout d’une longue perche de peintre, puis, je la déploie à 6 mètres de hauteur environ — ce qui donne l'illusion d'un éclairage posé là exclusivement pour signaler l'objet. » Enfin, des poses très longues.

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Le silence de mes nuits est toujours en cours, mais aussi « en permanente évolution ». Ces images, Konwalsky s’est par exemple amusé à les « inverser ». D’obscures, elles deviennent lumineuses. « Je pratique aussi le dessin, et j'ai eu l'idée (très furtive) de reprendre cette collection d'images pour en faire des illustrations, mais le rendu change radicalement mon protocole autour du territoire, elles transmettent beaucoup moins de choses… »

« Dans le travail de tout photographe, il y a inévitablement la case traitement des images et je dois avouer que c'est la partie que je déteste… Comme un archéologue ou un cartographe, je préfère être sur le terrain et fouiller plutôt qu'analyser les données à collecter. » Si Konwalsky dit ne pas se détacher complètement de l’urbex, sa pratique est toujours guidée par son désir de « voir le paysage et le territoire autrement ».

Pour voir l’évolution du travail de Clément Collange a.k.a. Konwalsky, vous pouvez le suivre sur Tumblr, Flickr ou Instagram.