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Art

Est-ce que montrer de l'argent c'est de l'art ?

C'est en tout cas ce qu'a fait Andrew Jeffrey Wright pendant près de vingt ans.
All images courtesy of the artist and The Hole

Bravo l’humanité, nous avons passé ce point délicat où tout le monde trouvait tout à fait normal d’étaler son fric sur Instagram. Désormais seuls quelques gros gros débiles s’acharnent et — mais c’est moins commun — un ou deux artistes. C’est le cas par exemple de Andrew Jeffrey Wright dont le principal projet se nomme Andrew Jeffrey Wright’s Money et consiste en de vagues étalages de liasses plus ou moins fournies.

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Ça n’a l’air de rien dit comme ça mais Andrew Jeffrey Wright’s Money fait dès à présent l’objet d’une exposition solo à la galerie The Hole, à New York. Si jamais vous vous y rendez, vous y trouverez une longue succession de photos encadrées et parfaitement alignées sur l’ensemble de murs du lieu. Sans vouloir vous spoiler, toutes les photos montrent Andrew et/ou son chat posant avec du fric dans un style que ne renierait pas la jeunesse dorée saoudienne. À côté de chaque cadre, se trouve un cartel avec le titre et le montant (approximatif) en dollar présent sur le cliché. Ainsi, on peut lire Reserved for Masturbation « approximately $474. » Ce qui est beaucoup de temps passé seul.

Alors, je vous vois venir, quel intérêt ? Tout d’abord, ce projet a été commencé il y a près de vingt ans. « J’ai commencé à faire ça à la fin des années 90. Je travaillais dans un magasin photo dans un coin de Philadelphie qu’on appelle University City. Je travaillais au laboratoire et développais un paquet de photo. À ce moment-là, tout le monde découvrait vraiment internet, on surfait. Mais ce n’était pas comme aujourd’hui, un endroit où tout le monde raconte sa vie. Voir des photos personnelles d’inconnus était alors peu commun. » nous explique Andrew.

« Tout d’abord, j’ai remarqué que les gens se prenaient de plus en plus en photo avec leurs collections. Les fraternités et les sororités posaient avec leurs bouteilles d’alcools vides, les dealers et les rappeurs posaient avec de la dope, des flingues et de l’argent. Les gosses posent avec l’argent qu’ils avaient reçu à leur anniversaire… J’étais intrigué par ce comportement. Je ne comprenais pas bien et pourtant ça me fascinait : ces photos racontaient à chaque fois une histoire. ‘J’ai de l’argent, je vends de la drogue, je protège mon argent, ma drogue et moi avec des armes’ disent ces photos. Moi je suis un pacifiste qui n’a pas d’argent et ne prend pas de drogue. J’ai donc commencé ce projet. »

Récemment, Wright a rouvert ses comptes en banque et à ainsi terminé son projet. Vingt ans à mettre l’argent au centre de son œuvre. Le tout est à découvrir à The Hole jusqu’au 4 septembre.