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Culture

De Vérone à l'Ukraine : la folle histoire du vol de tableaux par un gang moldave

Des douaniers ont mis la main sur des tableaux, volés à Vérone en novembre 2015 par un gang moldave, enterrés dans des sacs en plastique à la frontière ukrainienne.
Image de Une : via.

19 novembre 2015. Museo Civico di Castelvecchio à Vérone, dans le nord de l’Italie. Les caméras de surveillance du musée filment silencieusement les drôles d’allées et venues de trois individus non-identifiés. Soudain, on voit l’un d’eux traîner un corps inerte. Dans une autre salle, des tableaux sont décrochés de leurs cimaises. Tranquillement. Ils semblent connaître les lieux et savoir précisément quelles œuvres emporter. Sur les vidéos, on devine un flingue au poing de l’un des voleurs.

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Au total, 17 œuvres sont emportées, dont un Paysage de Rubens, cinq Tintoret, La Madone à la caille de Pisanello, la Sainte Famille d’Andrea Mantegna ou encore Port de mer de Hans de Jode. Seuls le Mantegna, le Pisanello, le Bellini et l’un des Caroto ont vraiment de la valeur. Il y en a pourtant pour plus de 15 millions d’euros de butin. La caissière et le gardien ont été ligotés — on découvrira plus tard que ce dernier, qui n’allume pas l’alarme du musée et dont la voiture a servi pour les voleurs en fuite, est de mèche.

Les tableaux étant tous répertoriés — donc invendables sur le marché légal —, la justice italienne penche pour la piste d’une commande d’un collectionneur sans scrupules, tchétchène peut-être, lira-t-on dans la presse. C’est vers la Moldavie que se dirigeront finalement les soupçons, où sont arrêtés, le 12 mars dernier, le gardien du musée en question, son frère, la copine de ce dernier et quatre autres personnes. En Italie, la police interpelle cinq autres suspects.

La fuite de deux autres individus à Odessa, en Ukraine, déplace l’enquête encore plus à l’Est. Les tableaux auraient-ils cheminé par la Transnistrie, république auto-proclamée non reconnue par la communauté internationale, coincée entre les deux anciennes républiques soviétiques ?

Image via

Le 11 mai, nouveau coup de théâtre. Le ministre italien des Biens et Activités culturels et du Tourisme, Dario Franceschini annonce que les toiles ont été enfin retrouvées. Des douaniers ukrainiens ont mis la main sur les œuvres, empaquetées grossièrement dans d’épais sacs en plastique et enterrées à 1,5 km du fleuve Dniestr, qui marque la frontière entre l’Ukraine et la Moldavie, révèle Reuters.

Ni une, ni deux, Petro Porochenko, le président ukrainien, se félicite de la découverte et en profite pour le mettre sur le compte de « la lutte efficace de l’Ukraine contre la contrebande et la corruption ». Bon, pour sa défense, les services de sécurité ukrainiens avaient déjà mis à jour, quelques mois plus tôt, des toiles de l’âge d’or hollandais dérobées en 2005 par des ultra-nationalistes ukrainiens au Westfries Museum de Hoorn, aux Pays-Bas.

Les œuvres attendent actuellement d’être analysées par des experts italiens, avant de retrouver Vérone.