FYI.

This story is over 5 years old.

Culture

Laura Poitras fait maintenant de l'art avec la surveillance de masse

“Astro Noise”, au Whitney Museum of American Art, est la première expo solo de la réalisatrice de Citizenfour.
Laura Poitras (b. 1964), Laura Poitras filming the NSA Utah Data Repository construction in 2011. Photograph by Conor Provenzano.

La première exposition de Laura Poitras, la réalisatrice du film sur le lanceur d'alerte issu de la CIA Edward Snowden, CITIZENFOUR, a ouvert la semaine dernière au Whitney Museum of American Art à New York. “Astro Noise” est une immersion dans les coulisses de la tâche délicate que Poitras s'est confiée en documentant les Etats-Unis de l'après 11-septembre. À travers une série d'installations complémentaires, les visiteurs sont encouragés à interagir avec des séquences documentaires, des interventions architecturales, des documents majeurs et autres, de « manière directe et remarquablement intime ». « J'aime beaucoup l'idée de créer un espace qui défie le spectateur et le pousse à prendre des décisions » exprime Poitras en conférence de presse. « Je cherche à montrer des choses qui sont difficiles à voir, tout comme le deep state, difficile à visualiser. »

Publicité

Au cours des dernières années, les films de Laura Poitras ont cherché l'inverse: dévoiler les rouages de la bureaucratie afin d'apercevoir les mécanismes internes du « deep state ». Après le 11 septembre, la journaliste, artiste et réalisatrice achève MY COUNTRY, MY COUNTRY, son documentaire sur l'occupation américaine en Irak, puis une suite sur Guantanamo et la guerre de la terreur THE OATH, et termine sa trilogie d'investigation par CITIZENFOUR.

La nouvelle production de Poitras est une suite logique de son travail, centré sur les problèmes de surveillance, de guerre, d'occupation, de drones et de torture et tirant son titre de Snowden lui-même, dont les révélations proviennent d'archives de la NSA, Astro Noise.

Capture d'écran. Laura Poitras, O'Say Can You See, 2001/2016. Vidéo numérique à deux canaux, en couleur, son. Publié avec l'aimable autorisation de l'artiste.

La transposition du travail de l'artiste du film aux murs d'exposition est « une reconsidération de l'image animée vers d'autres moyens d'interpellation et d'engagement du public, en présentant la culture et la mécanique à l'oeuvre dans la surveillance de masse et dans la guerre de la terreur d'une manière radicalement différente, à travers des expériences visuelles structurées qui fournit bien plus que l'information et qui impose au public de vivre une expérience viscérale » analyse le curateur Jay Sanders.

Dans son installation Bed Down Location, par exemple, Poitras invite les visiteurs à s'allonger, lever les yeux et « entrer dans un espace empathique qui imagine une guerre des drones ». Elle ajoute: « Il y a la tentation de regarder dans les rayons lumineux mais il y a aussi la chorégraphie des corps dans l'espace, les corps faisant face aux murs et vous imaginez alors des pelotons d'exécution. »

Publicité

Poitras et Sanders se sont aussi associés pour coéditer un ouvrage intitulé Astro Noise: A Survival Guide to Living Under Total Surveillance. Le livre inclura critique et des commentaires de contributeurs très variés, allant d'Edward Snowden à Ai Weiwei, en passant par Trevor Paglen et Dave Eggers.

Ci-dessous, un aperçu d'“Astro Noise” de Laura Poitras:

Laura Poitras, Anarchist: Israeli Drone Feed (Intercepted February 24, 2009), 2016. Tirage à encre pigmentée sur aluminium, 114,3 x 164,5 cm. Publié avec l'aimable autorisation de l'artiste.

Laura Poitras, Anarchist: Data Feed with Doppler Tracks from a Satellite (Intercepted May 27, 2009), 2016. Tirage à encre pigmentée monté sur aluminium, 114,3 x 164,5 cm. Publié avec l'aimable autorisation de l'artiste.

“Astro Noise” a lieu du 5 février au 1er mai 2016 au Whitney Museum of American Art. Plus d'infos sur l'exposition ici, et pour en savoir plus sur Laura Poitras, visitez son site.