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Design

Lumarium est une œuvre taillée au laser qui défie les lois de la physique

Thomas Pachoud est maitre de la lumière.

Entre une carrière d’artiste ou d’ingénieur, Thomas Pachoud n’a pas vraiment tranché. Et c’est tant mieux puisque avec son Lumarium, le Lyonnais signe une première œuvre tout aussi artistiquement que scientifiquement bluffante. Après 5 années passées à mettre ses compétences d’ingénieur aux services de divers artistes, ce diplômé de l’IMAC décide en novembre 2013 de lancer son propre projet artistique Hyperlight dont le Lumarium est le premier opus. Son but? Parvenir à raconter des histoires en sculptant et chorégraphiant la lumière dans l’espace. Matière par essence insaisissable, la lumière oblige dans un premier temps Thomas Pachoud à endosser ses habits d’ingénieur pour réaliser son projet.

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“ Tout le processus artistique d’Hyperlight part de l’idée de s’affranchir de cette contrainte physique qu’est la divergence de la lumière lâche-t-il. Travailler la lumière dans l’espace, jouer sur la profondeur et les perspectives, donner de la matière à la lumière nécessitaient de trouver en amont des solutions pour paralyser les faisceaux ou les faire converger.” explique Pachoud à The Creators Project.

La solution, il la trouve en partie dans le Lumarium, sorte d’aquarium géant dans lequel l’artiste parvient à emprisonner une source laser pour mieux la sculpter et la faire danser. À partir d’un laser ILDA, Thomas Pachoud envoie un faisceau laser sur un premier miroir dit ‘cymatique’ situé devant un haut-parleur. Le miroir transmet les vibrations des ondes sonores à la lumière dont la forme fluctue au gré de la musique – composée par David Guerra, avec deux “r” – pour créer une subtile interaction entre son et lumière. Le faisceau est ensuite renvoyer sur un deuxième miroir ‘parabolique’ construit sur une caisse en bois de 20cm de profondeur. Cette dernière va permettre au génial artiste-ingénieur de générer une dépression d’air modulable à souhait grâce à une vanne reliée à un aspirateur pour jouer sur la profondeur du laser dans l’espace. Quant à la forme parabolique de ce deuxième miroir, elle permet de sortir de cette foutue divergence en paralysant les faisceaux ou en les faisant converger.

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Au milieu de l’aquarium, une machine à fumée crache enfin un épais brouillard qui rend possible d’imprimer la lumière dans l’espace. Résultat, un laser qui évolue dans cet espace clos et qui donne “l’impression de profondeur aspirée” selon le concepteur. Évidemment, il a fallu aussi fournir un gros travail de programmation. L’ingénieur a développé son propre software basé sur OpenFrameworks et utilisant les ofxTimeline de James George et ofxIlda de Memo Akten pour piloter le laser et sculpter les formes que décrit la lumière. Et si la chorégraphie lumineuse a été écrite de bout en bout par Thomas Pachoud, il n’a pu s’empêcher d’inclure quelques algorithmes aléatoires et autres bruits de Perlin dans la programmation “ pour que l’œuvre joue de temps à autres d’elle-même, lui donnant une vie propre ou des mouvements plus organiques “ nous confie-t-il.

Le plus fort là-dedans, c’est que le résultat artistique est si puissant qu’il en ferait presque oublier le travail derrière tout cela. Les premiers instants de l’œuvre mettent en scène des formes géométriques connues qui se distordent légèrement avant de rentrer petit à petit dans un violent chaos où la lumière épouse d’inquiétantes formes. Si l’œuvre se termine sur une note plus onirique, il faudra néanmoins quelques minutes au spectateur pour se remettre de la déflagration que produit le Lumarium. On attend les suites du projet Hyperlight avec impatience.

@AntoineMovu