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Culture

Mais qui est donc Kader Attia ?

Portrait du lauréat du Prix Marcel Duchamp 2016 en trois œuvres emblématiques.
Kader Attia. Photo : Eddy Mottaz

Le Prix Marcel Duchamp « distingue un artiste français ou résidant en France, représentatif de sa génération et travaillant dans le domaine des arts plastiques et visuels », comme l’indique le site de l’ADIAF (Association pour la diffusion internationale de l’art français) qui l’organise depuis seize ans. Son lauréat bénéficie entre autres d’une exposition personnelle de trois mois au Centre Pompidou et reçoit une enveloppe de 35 000 euros.

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Mardi 18 octobre 2016, lors d’une cérémonie au Centre Pompidou, on apprenait le nom du lauréat de cette seizième édition. Il s’agit de l’artiste franco-algérien Kader Attia, choisi parmi quatre nominés — dont Yto Barrada, Ulla von Brandenburg et Barthélémy Toguo. Dans la version courte, Kader Attia, Français d’origine algérienne né en 1970 en Seine-Saint-Denis, a eu une enfance marquée par des voyages réguliers en Algérie, est titulaire d’un diplôme de l’école d’art parisienne Duperré, a fait un passage aux Beaux-Arts de Barcelone puis un service civil au Congo, avant de rentrer à Paris puis de s’installer à Berlin. Sa pratique artistique se caractérise par une grande diversité, saluée par le jury du prix, qui n’avait pourtant pas retenu sa nomination en 2005.

Portrait du lauréat en trois œuvres emblématiques.

Flying Rats (2005)

Provoquant la polémique lors de sa présentation à la Biennale de Lyon en 2005, cette installation figure une volière dans laquelle sont enfermés des pigeons, picorant des mannequins d’enfants bourrés de graines. Soumise au temps et à la transformation, elle puise ses origines dans l’enfance de l’artiste, passée dans la banlieue parisienne. Et évoque la décrépitude de la société, où l’homme crée des choses qu’il ne maîtrise plus — critique à peine voilée du capitalisme sacrifiant ses propres enfants.

Ghost (2007)

Cette installation de 102 sculptures en feuilles d’aluminium représente un groupe de musulmanes en position de prière. Leur corps, évoqué par la forme de la sculpture, est pourtant absent : l’enveloppe est vide, illustrant la négation de l’individu et posant la question de l’identité culturelle. Entre dévotion et exclusion, ces fantômes d’aluminium — actuellement exposés au Centre Pompidou — questionnent les idéologies modernes, reflets d’une réflexion de l’artiste sur un monde postcolonial.

Culture, Another Nature Repaired (2014)

La notion de réparation est souvent au centre des problématiques abordées par Attia, qui dit que « les sociétés extra-occidentales ont un autre rapport à la réparation — elle ne doit pas effacer la blessure ». S’appuyant sur des photographies de soldats gravement blessés de la Première Guerre mondiale, il a fait sculpter, par des artisans africains, ces « gueules cassées » dans des troncs d’arbres datant du début du XXe siècle. Il a reproduit le concept dans du marbre, aux côtés de masques africains également « réparés » grossièrement, pour souligner le regard sur l’Autre.

Kader Attia est exposé, avec les autres nominés du Prix Marcel Duchamp, au Centre Pompidou jusqu’au 30 janvier 2017. Cliquez ici pour d’infos, et pour retrouver le travail du lauréat 2016.