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Culture

L'expo Maurizio Cattelan à la Monnaie de Paris vue par vos posts Instagram

Ce que j'ai appris du futur des musées en n'allant pas voir « Not Afraid to Love ».
Image de Une : photo par @demaresto

Dimanche était le dernier jour de l'exposition « Not Afraid of Love » de Maurizio Cattelan à la Monnaie de Paris. Je n'y étais pas. Tout d'abord parce que j'avais déjà vu la plupart des œuvres exposées dans d'autres musées. Peut-être est-ce aussi parce que je ne suis pas particulièrement fan de l'artiste italien, et surtout, j'avais mieux à faire ce dimanche en décuvant sur mon canapé entre des bouquins, des verveines et mon chat. Entre deux chapitres, je sortais de mon autarcie pour observer sur les réseaux sociaux la vie palpitante de mes semblables qui, eux, font des choses le dimanche. Et apparemment, tous, absolument tous, étaient à la Monnaie de Paris.

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C'en était tout à fait ridicule : sur mon mur Facebook, dans mon feed Twitter et mon scroll Instagram, se succédaient, avec une répétitivité compulsive, les mêmes images avec le même cheval, le même petit Hitler à genoux, le même Pape. Parfois de près, d'autres de loin, souvent en selfie, quelques fois seuls. Des centaines de been there, done that au format carré et aux filtres surannés.

Photo par @michelasena

Je ne suis pas particulièrement surpris : aujourd'hui, ça ne sert pas à grand-chose de voir une exposition si vous ne pouvez pas par la suite montrer à vos followers que vos activités sont meilleures que les leurs. Et à ce jeu-là, toutes les expos jouent des coudes pour présenter des chefs-d'œuvre iconiques devant lesquels il sera de bon ton de venir prendre son selfie. Diable, je me rappelle encore la fureur de tous ces gens à la sortie de l'expo Munch à Pompidou il y a cinq ans. Pensez donc, il n'y avait pas Le Cri, que des tableaux qu'on connaît pas et pire encore, pleins de portraits académiques chiants au potentiel de likes proche de zéro.

Comme le propre de Cattelan c'est l'icône et la provoc', il n'est pas étonnant que ses expositions soient la parfaite illustration de cette pratique. Poster le Pape écrasé par un météore est aujourd'hui l'équivalent d'apparaître affublé d'un t-shirt à message Le Goéland le jour de la rentrée de classe. Un statement qui vous écarte de la fange. Aussi, c'est pourquoi tout le monde le fait.

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Voici, ci-dessous, l'exposition « Not Afraid of Love » de Maurizio Cattelan à la Monnaie de Paris, en intégralité mais avec vous dessus :

Pierre est donc sur Twitter.