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Art

Que la montagne est belle

Quatre artistes explorent le thème de la montagne dans une exposition à New York.
Summer Landscape (Cliff Shadows), Kristine Potter, 2015. All images courtesy of the artists and Black Ball Projects.

La montagne sous toutes ses formes est le motif central de la dernière exposition de Black Ball Projects, une galerie dans le quartier de Brooklyn à New York. Le titre l’indique de manière vaguement cryptique : « MTN ». L’idée est simple : inviter quatre artistes à penser « un place où se jouent nos mythologies […] qui servent souvent comme frontière distante et contraste cru avec les plaines civilisées », explique le communiqué de presse.

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Parmi les œuvres exposées, on trouve peu de peintures mais beaucoup de photographies, de sculptures et de dessins. Si la peinture et le paysage ont une belle relation dans une longue période de l’histoire de l’art, leur lien privilégié a été écarté de « MTN », qui a préféré explorer la fonction symbolique de la montagne dans la culture, plutôt que d’admirer béatement quelques crêtes et sommets.

James Foster, Magic Holey Lonely, 2015

The Dream of The Dream d’Adam Helms s’impose d’emblée parmi la collection exposée, c’est d’ailleurs l’œuvre qui a inspiré aux trois artistes-galeries — Harriet Salmon, Jason Tomme et Ana Wolovick — l’idée de cette exposition. Composée de 24 planches sérigraphies disposées dans un coin, la pièce d’Helm est une impressionnante reproduction de l’iconique logo de Paramount Pictures, un élégant mais anonyme pic montagneux.

Vue de l'exposition MTN. À gauche, The Dream of The Dream d'Adam Helms ; au centre, The Vacuum Flower de James Foster ; à droite, Spring Landscape de Kristine Potter.

L’énorme composition souligne la beauté brute, fruste du logo — une représentation esthétique sans intérêt vraiment particulier ou originalité, une vue quelconque mais irréfutablement plaisante. L’absence de contextualisation du paysage du logo témoigne de la « fabrique à mythes d’Hollywood », comme l’avancent les galeristes.

Kristine Potter, Spring Landscape (No Way In/Out), 2014

Manifest, un travail photographique en noir et blanc de Kristine Potter, montrent les montagnes du Colorado. Panorama encombré par des branches noueuses, ombres crues sous le zénith, bébé abandonné sur une couverture — les motifs créent une étrange tension psychologique sous la trame de mystère que fait naître le corpus d’images. Aux antipodes du paysage rassurant, les photos de Potter instillent une anxiété rampante.

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Kristine Potter, Summer Landscape (Cliff Shadows), 2015

S’éloignant complètement de la représentation classique de ce genre, James Foster expose une sculpture et une photographie bien plus plus symboliques que figuratives. « Sa sculpture-totem et sa photo quasi-surréaliste éludent la montagne avec ruse : une verticale rayée, un minerai en forme de cristal, une couverture trempée. Ces deux pièces viennent de [la] fascination [de Foster] pour le paysage dans la science fiction », rapporte la galerie à The Creators Project. Cette approche humoristique semblent contredire l’idée de la montagne comme une chose monumentale, réduite à des lignes dans le bois et une couverture.

James Foster, The Vacuum Flower, 2016

Les dessins de Tania Cross clôturent cette exposition. Chaque carré noir est couvert de fines lettres blanches — des morceaux de textes extraits du New Yorker, du genre « Je l’ai testé aux portes de l’enfer » ou « Ton grand amour va te plaquer ». La relation à la montagne est loin d’être évidente mais c’est leur accrochage qui donne fait penser à un sommet inversé — un dernier pied-de-nez, peut-être, au logo de Paramount.

Tania Cross, 2016

« MTN » est à voir à la galerie Black Ball Projects, à New York, jusqu’au 12 septembre 2016. Cliquez ici pour plus d’infos.