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Design

Dans l'atelier d'un créateur de globes terrestres

On a rencontré Peter Bellerby, qui un soir dans un bar s'est dit qu'il allait passer le reste de ses jours à peindre d'incroyables mappemondes.
All images by Sebastian Böttcher for Freunde von Freunden

Freunde von Freunden est un site web international et indépendant mettant en avant des talents issus de cultures et d'horizons différents. S'intéressant à tous les supports, et ce d'Istanbul à Séoul, FvF partage leurs quotidiens. À titre d'exemple, leur dernière série, « Workplaces », envoit Sarah Rowland interviewer un vieux couturier de 82 ans, Manuel Cuevas, dans son atelier de Nashville (Tennesse).

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Comme beaucoup d’idées de génie, celle de Peter Bellerby a germé dans un pub de Kings Cross.

C’est après avoir cherché durant deux ans la mappemonde parfaite pour les 80 ans de son père, qu’il a décidé, une nuit, de prendre les choses en main.

Aujourd'hui, on peut voir ses sphères à Hollywood, sur la BBC, et dans un paquet de clips divers. Son atelier en produit des centaines chaque année, des petits globes de bureau à d’imposantes boules d'1m50 de large. Mélangeant techniques traditionnelles et novatrices, ses créations sont de véritables œuvres d'art.

Mais la route fut longue. Novice, il a dû agir en autodidacte : comment une sphère aussi large que lourde va-t-elle passer la douane ? Comment faire en sorte qu’après avoir tourné sur lui-même, le globe puisse revenir à l’équilibre ? Sauf que pour Bellerby, régler tous ces petits défis fait toute l’essence de son nouveau job.

Dans son atelier, des bandes de papier représentant des parties du monde pendent au plafond, tandis que la peinture sèche. Des globes de différentes tailles, plus ou moins achevés, parsèment le studio. Installé dans un entrepôt de Stoke Newington à Londres, nous sommes partis à la rencontre du plus grand fournisseur de globes terrestres artisanaux.

Freunde von Freunden: Comment avez-vous fait pour monter votre entreprise en partant de zéro ? Et comment avez-vous compris comment faire ?

Peter Bellerby: Il y a plusieurs problèmes à surmonter. D‘abord, vous devez commencer par construire le support du globe. On a débuté avec ceux en bois traditionnels – c'était la partie la plus facile. Puis, tu dois t'entraîner à placer les méridiens en cuivre, ainsi que toutes les différentes pièces qui composent la sphère. Elle doit impérativement tenir entre les axes, donc l’Arctique bien au nord, et l’Antarctique bien au Sud. La difficulté principale a été de réussir à se passer du plâtre, tout en rendant le tout parfaitement circulaire. Après, on a dû comprendre comment appliquer la carte sur la sphère. Finalement, c'est ce qui a pris le plus de temps. Un peu de la carte va être peinte à la main avant qu'on la colle à la sphère, mais la majorité est peinte après-coup. Le papier se présente sous forme de bandes : on place les pièces sur le globe, une par une. Quand le travail est achevé, on laisse reposer les globes dans un caisson.

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Vous avez décidé un jour que vous vouliez réaliser un globe terrestre, et vous l'avez fait. Qu'est-ce qui vous a motivé ?

Je voulais faire un cadeau, mais je me suis rendu compte que rien ne correspondait à ce que je cherchais. Je ne trouvais rien de vraiment fait-main. Ça a été le déclic pour moi : tout produire manuellement, du début à la fin. C’est vraiment notre philosophie, chez Bellerby, et on s'est vraiment investi pour maîtriser chaque étape de la chaîne de production. C’est ce en quoi nous croyons, et on fait tout pour rester fidèles à cette idée. Prenons l’exemple de la peinture : ça peut prendre des jours, des semaines. Il y a tellement de détails. Par exemple, un océan peut prendre plusieurs jours. Maintenant, on peint les mers avant de mettre la carte sur le globe… C'était trop laborieux.

Quand vous avez commencé à travailler sur votre premier globe, comment avez-vous déduit ce qu'il fallait faire ? Vous n'aviez ni méthode, ni modèle à suivre.

Du début à la fin, j'ai agi en autodidacte. J'ai encore quelques-uns de ces globes à l'étage – ce ne sont pas les meilleurs, à tout dire. Mais ça a été un moteur pour moi. Je n'ai jamais aimé l'école, ni qu'on me dise quoi faire. Ce que j’apprécie dans ce travail, c'est que personne ne te dit comment procéder… étant donné que personne dans le monde ne saurait me dire comment. Pour moi, ça a été un avantage. Travailler de A à Z sur quelque chose de nouveau est une manière saine et drôle d'apprendre. Mais je dois dire que ce fut également très stressant. J'ai eu beaucoup de chance que certaines choses me soient arrivées complètement par hasard, car ça m’a permis d'économiser beaucoup de temps et d'argent. Heureusement, j’en suis venu à bout. Même si ça m'a quand même pris un peu plus de temps que prévu !

L'interview complet de Sarah Rowland est à retrouver sur  Freunde von Freunden, ici.