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Art

Des gens nus enterrés dans le sable contre la disparition de la mer Morte

Le photographe américain Spencer Tunick a une nouvelle fois rassemblé plein de gens à poil pour faire prendre conscience de ce drame écologique.
Spencer Tunick, Dead Sea, 2016. Images courtesy the artist

La mer Morte se meurt et l’artiste américain Spencer Tunick nous alerte avec ses habituels rassemblements de gens nus. Il vient de dévoiler une série de photos où 15 personnes intégralement dévêtues entrent en interaction avec ses paysages en danger.

« 300 personnes se sont proposées pour faire partie de la performance, mais j’ai décidé de n’en garder que 15 », raconte Tunick à The Creators Project. « Nous n’avions pas d’autorisation donc ça a été un peu à la sauvette. Nous l’avons fait en secret pour ne pas être arrêtés ou attirer de manifestants. »

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Une doline près de la mer Morte

Tunick a fait poser ses modèles en cercle, dans des trous et même enterrés à mi-corps dans le sable pour « mettre la peau au plus près du problème ». Selon le Geological Survey of Israel, les dolines — des fosses se formant soudainement par érosion du sol calcaire — viennent du pompage des eaux du lac de Tibériade et du Jourdain par Israël et la Jordanie. Résultat : le niveau de la mer Morte descend d’un mètre par an.

Clive Lipchin, directeur du Centre de gestion des eaux transfrontalières de l’Arava Institute for Environmental Studies, estime que 10 000 dolines sont apparues depuis les début des années 90 — certains avancent le chiffre de 3000. Une nouvelle doline apparaît donc presque chaque jour. « Le lac devient comme son nom », dit Lipchin. « Il meurt vraiment. »

Un panneau prévient les visiteurs des risques de dolines dans le coin

Tunick était déjà venu en 2011, avec une série de gens flottant dans les eaux de la mer Morte. Elle avait alors eu lieu dans ce qui s’appelait alors Minéral Beach (et qui n’existe plus, en raison de la baisse des eaux). 1200 corps étaient allongés, sur fond de soleil couchant. Une initiative moyennement appréciées par les autorités locales.

Des législateurs israéliens avaient même essayé de faire passer une loi appelée très justement « Spencer Tunick Law », pour interdire la nudité même sous couvert de création artistique. La loi n’est pas passée mais Tunick est resté comme fauteur de troubles aux yeux de nombreux israéliens.

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Spencer Tunick, Dead Sea, 2011

« Ma passion pour la mer Morte remonte mon enfance », dit Tunick. Il rendait régulièrement visite à ses grands-parents, qui ont emménagé dans la région à la fin des années 60. « C’est un attachement du même ordre que celui qu’a un Américain pour les séquoias. Si tous mes séquoias mourraient, les gens viendraient en masse pour empêcher ça. »

Spencer Tunick, Dead Sea, 2016

Le but de Tunick est de créer un débat autour d’une problématique cruciale dans la région : la question de l’alimentation en eau, qui génère de nombreuses tensions et des stratégies géopolitiques au Proche-Orient.

Spencer Tunick, Dead Sea, 2016

Spencer Tunick, Dead Sea, 2016

Pour en savoir plus sur Spencer Tunick et retrouver son travail, allez faire un tour sur son site.