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Art

Les classiques de la Renaissance remis au goût du jour

Malgré leur indéniable beauté, les peintures de la Renaissance ne sont pas des exemples de diversité. La photographe Ventiko est là pour y remédier.
"Judith," 2010. All images courtesy of Ventiko

Cet article contient des images de gens nus.

Étrangement familiers quoique légèrement surnaturels, les tableaux de la photographe Ventiko semblent tout droit sortis d’un livre d’histoire de l’art — un ouvrage qui serait moins eurocentré et hétéronormé, et plus représentatif. Les images de l’artiste américaine sont en effet des interprétations de peintures iconiques de la Renaissance, revues et corrigées pour refléter une certaine mixité de classe, de genre, d’origine et repenser les canons de beauté de notre époque.

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La photographe fusionne ainsi deux classiques comme la Vénus endormie de Giorgione (1510) ou la Vénus d’Urbino du Titien (1538), pour donner Reclining Venus, en remplaçant les femmes blanches alanguies des peintures d’origine par une voluptueuse femme noire couchée sur une robe de mariée. Pour Transformation of Venus, Ventiko a combiné la Vénus à son miroir de Diego Vélasquez et le bien plus contemporain Facial Hair Transplant d’Ana Mendieta — cette artiste américo-cubaine qui s’était implanté une moustache et une barbe dans les années 70 pour interroger la notion de genre.

Someone’s Saint, 2012. 

Le travail de Ventiko est issu d’une impression de malaise constante de l’artiste devant toute cette iconographie uniforme. « L’une des principales caractéristiques de la Renaissance est l’introduction de l’Humanisme dans toutes les disciplines… pourtant, j’ai toujours eu l’impression que quelque chose manquait, qui ne traduisait pas les problématiques sociales contemporaines », explique Ventiko à The Creators Project. « Pour ma critique de la culture contemporaine, j’ai puisé dans l’esthétique de la Renaissance et j’y ajouté les éléments manquants. »

Reclining Venus, 2013

« Qu’importe la race, le genre ou la classe sociale, la forme humaine doit être célébrée et glorifiée dans toute sa variété. Les œuvres de la Renaissance étaient créées presque exclusivement par la Patriarche européenne pour les élites et les dévots dans l’optique de transmettre le pouvoir et les attitudes moralement acceptables par le prisme de la religion et des allégories », ajoute Ventiko. « De la même façon, j’incorpore et recontextualise les symboles, les mouvements, les expressions et des éléments de composition formels pour rompre avec ces injustices et inégalités à l’œuvre à l’époque et encore aujourd’hui. »

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Transformation of Venus, 2015

Toutes les photos de Ventiko ne sont pas directement inspirées d’œuvres de la Renaissance mais empruntent toujours au registre, avec une surcharge de détails et des décors très mis en scène, quelque part entre le Caravane et David LaChapelle. Elles ne sont d’ailleurs qu’une partie du travail de la photographe : « En 2014, j’ai commencé à mettre en scène ces tableaux comme spectacles photographiques vivants à la fois pour l’appareil et le public. Chaque performance photographique mêle voyeurisme, forme humaine, perversion des symboles de l’histoire de l’art et iconographie inspirée du lieu où prend place la performance. »

Justice, 2016

Director’s Den, 2014

Une découverte plus complète du travail de Ventiko peut être réalisée en parcourant le site de l’artiste.